Après 3 mois de fermeture, La Grenouille à grande bouche, située dans le quartier du Blosne à Rennes, est sortie de son sommeil contraint le 8 juin dernier.
« Comme pour tous les restaurants, l’arrêt de l’activité a été brutale. Dans l’urgence, nous avons distribué ce qui restait dans le frigo aux salarié·e·s, bénévoles et client·e·s », raconte Nathanaël Simon, co-gérant.
Un arrêt d’autant plus difficile que le restaurant avait récemment ouvert, en janvier dernier, misant sur une clientèle de bureaux pour son unique service du midi. « Nous avons connu un très bon démarrage, et en mars, nous étions en plein développement, sur une dynamique au-dessus de nos prévisions, avec une moyenne de 60 couverts environ chaque midi. »
La Scic, qui gère le restaurant, mais aussi la revue du même nom, est basée sur un fonctionnement participatif et redistributif. Ainsi, une partie des bénéfices réalisés sont reversés sous forme de dons à des associations. Et le fonctionnement quotidien du restaurant – ainsi que la rédaction de la revue – permet à des bénévoles, sociétaires ou non de la Scic, de donner un coup de main, à raison de 3h par jour.
Un moyen de tisser des liens, de faire se rencontrer des personnes qui n’en auraient pas eu l’occasion autrement. « La Grenouille à grande bouche est un lieu de brassage et de mixité sociale. C’était la volonté de notre projet dès le départ. Nous fonctionnons de la même manière avec nos partenaires, avec nos fournisseurs… la dimension partenariale est un axe fort de ce projet, c’est ce qui nous a toujours motivés », poursuit Nathanaël.
Un fonctionnement coopératif qui s’est montré essentiel pendant cette période de crise. « La solidarité a été immédiate, et très forte. Nos sociétaires, au nombre de 70 aujourd’hui, ont tout de suite proposé leur aide. Les 3 Cigales (réseau d’investisseurs citoyens) qui ont investi au départ ont spontanément proposé de remettre de l’argent au capital. L’agglomération de Rennes nous a offert le loyer… On a ainsi pu limiter la casse. On a également bénéficié du soutien apporté par le réseau coopératif, en participant aux ateliers Alter’Rebond de l’Union régionale, et à ceux de la Fédération des Scop de la communication » souligne Nathanaël.
Depuis la réouverture, La Grenouille s’est adaptée, pour mieux rebondir. « Nous avons mis en place un système de vente à emporter dès la réouverture, et allons développer un service de livraison, dans les prochaines semaines. Pour faciliter ce nouveau mode de vente, nous avons également créé un site Internet. Il faut que cela vienne compenser les pertes… Car nous devons retrouver un point d’équilibre dans les 3 mois si nous voulons que le restaurant perdure. » Pour la revue, les choses sont un peu plus complexes. « Nous avons décalé la sortie du 6e numéro, qui devait être distribué fin mars. Pour ce numéro, à paraître en juillet, nous avons ajouté un supplément de 20 pages spéciales confinement, pour lequel nous avons fait un appel à contribution sur les réseaux sociaux. Mais la situation est compliquée, avec le secteur de la distribution de la presse en crise actuellement. »
La Grenouille à grande bouche espère bien continue d’œuvrer pour le lien social et la solidarité encore longtemps, mettant déjà en pratique les principes d’une économie plus humaine et plus écologique : « Nous militons pour plus de démocratie en entreprise, et pour une approche locale de l’alimentation. Cela se traduit dans les partenariats que nous avons tissés avec les producteurs locaux, si possible en bio, dans les liens avec nos fournisseurs, comme Biocoop, dans une logique durable et responsable, mais aussi dans notre revue, où ces valeurs étaient déjà mises en avant », conclut Nathanaël.
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